Nul n'est vierge d'influences de personnalités ou d'anonymes qui vous ont marqués ; d'ailleurs, il y a sans doute un manque pour celui qui s'en prive et bien présomptueux est celui qui dit ne pas en avoir. Sans qu'elles soient trop fortes, c'est à force d'éléments glânés dans les expériences des autres mêlés à sa spécificité propre qu'un individu devient quelqu'un d'unique et intéressant. Comme tant d'autres Groquik n'y échappe pas, en particulier au niveau de son apparence physique ; nous feront ici un parallèle entre lui et ceux qui semblent être à l'origine de certaines de ses caractéristiques physiques, sans que pour autant celà lui enlève personnalité et originalité.

 

L'un de ceux qui semblent avoir joué un rôle particulièrement déterminant dans la conception de Groquik n'est nul autre qu'Obélix, le jovial comparse d'Astérix le Gaulois (la bande dessinée bien connue créée par René Goscinny et Albert Uderzo) ; si l'idée de ce rapprochement ne semble pas simple à première vue, elle devient évidente en y regardant bien. Le museau fort, le ventre énorme (des formes et des proportions semblables, donc), une gamme d'expressions similaire : Groquik pourrait donc être la version animale de ce bon Obélix, voire sa simplification à ses principaux axes (ou lignes, si vous préfèrez). Dans un sens, c'est donc une transposition du même personnage dans un contexte et environnement différent. Par ailleurs, leurs points communs ne se limitent pas au physique : ils sont tous deux de bons gros gentils au caractère presque enfantin ; des gourmands heureux par nature, mais toujours prêts à foncer dans la masse des ennemis qui menaceraient ce qui leur est cher (comme les amis la plupart du temps, mais également une boîte de cacao ou un sanglier rôti...). A noter que la popularité d'Obélix ne faîblit pas, supplantant même celle d'Astérix (pourtant le personnage principal de la bande dessinée homonyme). Preuve supplémentaire s'il en était besoin de l'absurdité de faire disparaître un tel personnage (ce qui nous ramène à notre sujet).

 

L'autre personnage majeur qui a sans doute de manière évidente compté dans la création de Groquik est ce bon vieux Casimir, principal protagoniste (créé et interprèté par l'indispensable Yves Brunier) de l'émission juvénile "l'Ile aux Enfants", programme vedette auprès des dits enfants de 1974 à 1982. Il est de quelques années l'aîné de Groquik et se trouvant à l'apogée de sa gloire lors de la naissance de celui-ci (en 1979), on peut penser aisément que le choix de Groquik a été motivé par le succès de Casimir et voir à travers ce dernier un modèle ou un cousin. Les deux personnages sont en effet très proches : apparence mi-lézard mi-dinosaure (à la différence notable que si Casimir est explicitement un animal de ce type, pour Groquik c'est plus diffu), couleur unie jaune-orange, embonpoint très développé, absence quasi totale de vêtements, optimisme, personnalité attachante et charismatique, grande amitié avec les enfants (qui leur rendent bien). Et gourmandise comme sacerdoce, là encore. Le lien décisif entre les deux personnage se dessine à travers le fait que Yves Brunier a également interprèté Groquik pour la télévision et autres animations. Casimir est quant à lui disparu quelques années avant Groquik (qui lui a donc provisoirement survécu), laissant la place pendant un temps à ses congénères du "Village dans les Nuages", qui à leur tour passèrent à la trappe... A croire que les médias (à défaut du public, dont ils ne sont pas le reflet) ou du moins l'audiovisuel accepte de moins en moins l'obésité ; les gros sont réellement sous représentés à la télévision française... (faudrait sans doute qu'ils fassent du foot pour qu'on les y voit)

 

Groquik n'a pas peur du froid, il est bien protègé par sa fourrure (car il s'avère qu'il est réellement couvert de fourrure) ; il n'a donc pas besoin de s'habiller et porte pour seul vêtement (par coquetterie ou pour le fun, sans doute) un petit chapeau rond, tantôt blanc à rayures rouges, tantôt blanc à bande rouge et rebord bleu clair. Le couvre-chef en question s'appelle un canotier (ou du moins, a l'air d'en être un). Aujourd'hui un peu désuet -certains parlerons de charme rétro- le canotier était un chapeau très léger, souvent en paille tressée ou en bois blanc décoré d'une bande de tissu (on est pas loin de la description de l'Exercice de Style de Queneau mais il ne s'agit pas de ça). Il était porté par les gens chics et élégants, ou par ceux ceux qui cherchaient à l'être (et donc atterrissait sur la tête des estivants de bord de mer en maillot rayés à bretelles avec de grosses moustaches lissées, ou sur celle des indigènes chicaneurs de Tintin au Congo) Il a été popularisé dans les années 1930-40 par le chanteur français Maurice Chevalier, connu alors dans le monde entier pour des chansons comme "Ma Pomme" ou "Prosper You Pla Boum" (dont nous reparlerons plus bas), et pour certaines comédies musicales américaines toujours très légères. Maurice Chevalier arborait souvent et pendant longtemps un fringant canotier semblable à celui de Groquik et s'accordant à merveille avec son bagou. Ne vous y trompez pas pour autant : si il a relançé la mode du canotier, c'est un chapeau qui existait déjà depuis le siècle dernier. La présence de ce chapeau sur la petite tête à Groquik n'est sans doute pas directement issue de Maurice Chevalier, on peut facilement supposer d'une influence lointaine (Que voulez-vous, j'argumente comme je peux)

 

Hé hé, j'en entends déjà qui ricanent. Je pense néanmoins qu'un rapprochemment qui peut être fait sans forcément parler d'influence (encore que) est celui avec le monstre marin - dinosaure géant Godzilla, ainsi que plus généralement avec ses congénères et collègues monstres destructeurs d'immeubles et de villes japonaises (y compris King Kong, même si pour lui c'est plutôt le Pacifique ou les gratte-ciel de New York). J'explique mon choix et mon raisonnement : sur certaines des premières images le mettant en scène (publicités, autocollants etc) Groquik apparaît comme étant de taille plus haut qu'une maison. De plus, on l'y voyait également plutôt contrarié (comme dans le célèbre "Groquik se fâche !") et bloquant la circulation pour ennuyer les misérables humains que nous sommes. Bien sûr, il s'agissait là d'une colère passagère due à une envie de Nesquik ; mais de là à escalader les buildings pour attrapper une boîte de sa boisson préfèrée (ou casser la tête aux môvais, allez savoir), je pense qu'il n'y effectivemment qu'un pas pour le rapprocher de Godzilla. Les éléments sont maigres et peu nombreux, mais si celà s'avérait exact l'hypothèse comme quoi Groquik est un lézard / dinosaure géant se confirmerait. Un peu plus intelligent que Godilla bien sûr, et un rien plus poilu !

 

 

 

Alors oui, là je l'admet, c'est juste une plaisanterie comme ça, une grosse Joke qui passait par là. Il n'y a eu aucune influence (à priori) ni dans un sens ni dans l'autre ; Les Simpsons, nés en 1987 doivent leur identité graphique plus aux Pierrafeux et à la patte immédiatement identifiable de leur créateur Matt Groëning (auteur par ailleurs de la série "C'est l'Enfer" ou pour le dessin animé de "Futurama"). Tout instruit et ouvert aux cultures européennes qu'il soit (quoique, vu le portrait qu'il a brossé aux deux vignerons francais chez qui Bart est envoyé en vacances...), je doute fort qu'il ai jamais entendu parlé de ce personnage publicitaire qu'est Groquik (ce qui n'empêche pas qu'il soit excellent). Si j'ai fait ce rapprochemment ici, c'est uniquement à cause du teint jaune vif, des yeux globuleux et de l'appétit insatiable dont font preuve Homer Simpson et Groquik (des coïncidences donc, mais qui se prêtaient bien à mes expérimentations graphiques).

 

 

Prosper est le seul ours publicitaire capable de transformer le macadam en pain d'épices ; en effet la chanson emblématique qui l'accompagnait partout "Prosper Youp La Boum c'est le roi du pain d'épices !" n'est autre qu'un célèbre succès à peine modifié de Maurice Chevalier (celui-là même dont on parlait plus haut), un peu à l'instar du "Oasis Oasis c'est bon c'est bon !" de Carlos. A noter qu'à tout choisir, je préfère l'Oasis de Carlos à celui de ce p'tit con de Noël Gallagher (et à choisir un Gallagher je préfère Rory, mais zut on est super loin du sujet là). Donc Prosper a été créé dans les années 1970 pour servir de mascotte au pain d'épices Vandamme. Je ne sais pas par qui ni quand exactement ; avec tout le respect que je dois à Prosper (malgré son regard hypnotique un rien flippant) ces informations m'échappent (pour l'instant). Donc on peut rapprocher Prosper de Groquik parce qu'ils sont tous les deux gros (pour un ours, c'est normal), souriants, très gourmands, qu'ils sont contemporains l'un de l'autre, qu'ils avaient la même fonction (vendre de la bouffe à des gosses, ou plutôt faire en sorte que les gosses demandent à leur parents d'en acheter) et qu'ils aiment les enfants. Je ne sais pas si Prosper se bat et file des grosses beignes aux voleurs de pain d'épices (au passage, association d'idées : pain d'épices à base de miel, ours friand de miel, donc ours friand de pain d'épices.), toujours est-il qu'il a sans doute mieux su défendre son bifteck que Groquik vu qu'il est encore là (à moins que le pain d'épices soit un produit moins internatinal et déchaînant moins les passions des producteurs alimentaires que le lait chocolaté en poudre). Celà dit si il figure encore sur l'emballage des paquets de pain d'épices Vandamme, il a du faire un paquet de concessions : abandonner son minois halluciné pour une gueule plus conventionnelle qui le rend aussi banal et peu attrayant que n'importe quelle mascotte de céréales Kelloggs, la tendance doit être aux mascottes sans intérêt et moches. On ne le voit plus guère dans des spots de publicité à la télé, et il n'y a plus guère de produits dérivés à son effigie comme à la grande époque (je me rappelle d'un sac de sport, par exemple). Donc en gros si il a pas été viré comme Groquik, il a payé le prix fort.

Enfin pour terminer, les rayures obliques de la tranche des boîtes de fromage en portion La Vache qui Rît sont très proches de celles du bord du chapeau de Groquik (dans le première version du chapeau en question). Celà peut apparaître comme étant une plaisanterie (et c'en est une), mais moins qu'il n'y paraît de premier abord (vous l'avez compris, c'est ici que je vais zncore déployer mon argumentaire tordu) ; ce type de motif à rayures appartient à une esthétique propre (ou du moins plus développée alors) au début des années 1980 (repensez à la cravate de votre patron en ce temps là, si ce n'est la votre). C'est justement dans les années 80 que le dessin classique de La Vache qui Rît (par l'illustrateur Benjamin Rabier) et l'habillage général de la boîte de Fromage fondu ont été entièrement revus et relookés. C'est par ailleurs à cette période que la publicité a récupèrée, pillée et réutilisée à outrance les tableaux de Roy Lichtenstein, qui justement utilisait à outrance d'énormes trames et rayures de couleurs franches dans ses travaux... Mais il faudrait vraiment que j'ai un grain pour prétendre que c'est le cas ici. (Mais de quoi il cause lui ! Il nous fait tout un paragraphe sur les rayures du chapeau de Groquik ?!? Il y a de ces malades sur Internet, j'te jure ! Vivement un bon site de Cul.)

Pour conclure ce chapitre, nous voudrions faire passer ici le message de monsieur W. de la W. D. Compagny à la demande de cette dernière :

Il ne désire donc en rien être impliqué aux côtés de Groquik et ne veut pas y être associé de quelque façon que ce soit (ça a le mérite d'être clair).

Groquik, Nesquik et Quicky sont Nestlé tous droits réservés. Les dessins originaux sont Arnaud H. Casimir est son propriétaire. Obélix est Goscinny-Uderzo et les éditions Albert-René. Maurice Chevalier est ses ayants-droits, la photo est les éditions Larousse. Godzilla est Yves Brunier, Christophe Izard, TF1 and co. Homer et Bart Simpson sont Matt Groëning et la Twenty-Century Fox. Prosper est Vandamme ainsi que le logo. La Vache qui Rit, la boîte, le logo et le reste sont les fromageries Bel. Monsieur W. est librement inspiré par Winnie l'Ourson qui est Walt Disney Productions.